Il me semble que le mot « avant-garde » a toujours été pour moi une espèce de souvenir. J’ai dû l’entendre autour de 1960, alors que le surréalisme ne se portait déjà plus très bien. Presque en même temps je découvrais Bataille et Artaud, que n’accompagnait aucune étiquette d’avant-garde. Mais c’est l’ensemble du climat de pensée qui se modifiait de manière profonde dans les après-coups de la guerre.
Les avant-gardes – ou du moins ce nom : il ne s’agit que de son usage – ont eu d’emblée pour moi un goût de passé. D’arrière-garde, en somme. Je ne plaisante pas : je pense que le soupçon porté sur la nature militaire de la métaphore était déjà présent dans le contexte où je découvrais le mot. Pourquoi fallait-il que l’art opère comme une armée ? Il y avait un doute. Ce n’était pas tant l’idée de la lutte ou du combat qui était préoccupante...
Etrange extraneus du dehors pas du dedans (intraneus) pas de la maison unheimlich pas du heim pas du foyer de l’autre côté des portes – fores, foreigner pas dans le rythme en trop, odd pas régulier pas ordinaire rare singulier seltsam bizarre besherat vaillant élégant fantasque tordu verschroben de travers surprenant extraordinaire étonnant
C’est étonnant comme nous sommes riches en mots formes façons pour tourner autour de l’étrange étranger de l’ausländer hors du pays pas « pays avec nous » comme on disait jadis en France « c’est un pays à moi » pour dire quelqu’un de mon village de mon coin ma province mon bled
Riches à profusion pour tout ce qui n’est pas proche et propre, approprié, convenant, mitmenschlich ce qui ne fait pas mitdasein
Parce qu’on présuppose que mit avec with est consistant, plein, solide et solidaire et ce qui est without avecsans mitohne avec hors ou hors d’avec la proximité
Mais avec même proche exige...
Kathrin Busch (éd.), Burkhard Meltzer (éd.), Tido von Oppeln (éd.)
Ausstellen
1. L’art n’est pas la descente sublime de l’infini dans l’abjection finie du corps et du sexe. Il est au contraire la production, par le moyen fini d’une soustraction matérielle, d’une série subjective infinie.
2. L’art ne saurait être expression de la particularité, qu’elle soit ethnique ou moïque. Il est la production impersonnelle d’une vérité qui s’adresse à tous.
3. La vérité dont l’art est le processus est toujours vérité du sensible, en tant que sensible. Ce qui veut dire : transformation du sensible en événement de l’Idée.
4. Il y a nécessairement pluralité des arts, et quelles que soient les intersections imaginables, aucune totalisation de cette pluralité n’est, elle, imaginable.
5. Tout art est venu d’une forme impure, et la purification de cette impureté compose l’histoire, et de la vérité artistique, et de son exténuation.
6. Les sujets d’une vérité artistique sont les œuvres qui la composent.
7. Cette composition est une configuration infinie, qui,...