Il me semble que le mot « avant-garde » a toujours été pour moi une espèce de souvenir. J’ai dû l’entendre autour de 1960, alors que le surréalisme ne se portait déjà plus très bien. Presque en même temps je découvrais Bataille et Artaud, que n’accompagnait aucune étiquette d’avant-garde. Mais c’est l’ensemble du climat de pensée qui se modifiait de manière profonde dans les après-coups de la guerre.
Les avant-gardes – ou du moins ce nom : il ne s’agit que de son usage – ont eu d’emblée pour moi un goût de passé. D’arrière-garde, en somme. Je ne plaisante pas : je pense que le soupçon porté sur la nature militaire de la métaphore était déjà présent dans le contexte où je découvrais le mot. Pourquoi fallait-il que l’art opère comme une armée ? Il y avait un doute. Ce n’était pas tant l’idée de la lutte ou du combat qui était préoccupante...
Georges Didi-Huberman, Mira Fliescher (éd.), Elena Vogman (éd.)
The Cube and the Face
Elisabeth Bronfen (éd.), Christiane Frey (éd.), David Martyn (éd.)
Noch einmal anders
1. L’art n’est pas la descente sublime de l’infini dans l’abjection finie du corps et du sexe. Il est au contraire la production, par le moyen fini d’une soustraction matérielle, d’une série subjective infinie.
2. L’art ne saurait être expression de la particularité, qu’elle soit ethnique ou moïque. Il est la production impersonnelle d’une vérité qui s’adresse à tous.
3. La vérité dont l’art est le processus est toujours vérité du sensible, en tant que sensible. Ce qui veut dire : transformation du sensible en événement de l’Idée.
4. Il y a nécessairement pluralité des arts, et quelles que soient les intersections imaginables, aucune totalisation de cette pluralité n’est, elle, imaginable.
5. Tout art est venu d’une forme impure, et la purification de cette impureté compose l’histoire, et de la vérité artistique, et de son exténuation.
6. Les sujets d’une vérité artistique sont les œuvres qui la composent.
7. Cette composition est une configuration infinie, qui,...