D’où viennent et où mènent les sentiers battus du cœur ?
D’où viennent et où mènent les sentiers battus du cœur ?

Alexander Kluge, Gerhard Richter

26 décembre 2004

26 décembre 2004 : LA SAINT-ÉTIENNE. NOËL, UNE FORCE VENGERESSE. Les masses d’eau qui noient un continent, ne viennent pas en raz-de-marée. Elles ne viennent pas du bord de mer, elles ne s’abattent pas du ciel sur nous en trombes d’eau. Elles s’abattent en un déluge de boue sur nous et nos maisons. On ne peut ni nager ni plonger dedans. Elles déferlent trop vite pour qu’on puisse s’enfuir, car elles viennent par tous les côtés. Voyez comme cette colline mouvante,...
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Arts

Jacques Rancière

« L’appréciation esthétique d’une forme est sans concept. »

Qu’entendre par l’invocation d’une « esthétique de la connaissance » ? Manifestement il ne s’agit pas de dire que les formes de la connaissance devraient s’adjoindre une dimension esthétique. L’expression présuppose qu’une telle dimension n’a pas à être ajoutée, comme un ornement supplémentaire, qu’elle est là de toute façon comme une donnée immanente de la connaissance. Reste à voir ce que cela implique. La thèse que je voudrais présenter est simple : parler d’une dimension esthétique de la connaissance, c’est parler d’une dimension d’ignorance qui divise l’idée même et la pratique de la connaissance. 


Cette proposition implique évidemment une thèse préalable quant à ce qu’ « esthétique » veut dire. La thèse est la suivante : l’esthétique n’est pas la théorie du beau ou de l’art, elle n’est pas non plus la théorie de la sensibilité. Esthétique est un concept historiquement déterminé qui désigne un régime spécifique de visibilité et d’intelligibilité de l’art, qui s’inscrit dans une reconfiguration...

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  • art contemporain
La molle et voluptueuse décadence du lieu
 La molle et voluptueuse décadence du lieu

Bruce Bégout

L’homme de Venise

Je ne parlerai pas ici de mon métier. Je pratique l’urbex depuis plus de vingt ans et mon blog est le plus consulté sur la toile. J’y ai compilé des centaines de visites sur des sites oubliés, décrit des lieux abandonnés aux quatre coins du monde (tunnels, bases sous-marine, parcs d’attraction, asiles, usines, etc.) narré mes aventures dans ces endroits insolites et reculés qui exercent une grande fascination sur l’imagination moderne. Tout le monde connaît mon nom – un pseudonyme...
Littérature

Joseph Mitchell

Des Caughnawagas

Les plus lestes des Indiens d’Amérique du Nord appartiennent à une bande de sang-mêlé Mohawks originaires de la Réserve Caughnawaga, sur les bord du fleuve Saint-Laurent, au Québec. On les appelle en général les Caughnawagas. Autrefois on les appelait les Mohawks chrétiens ou les Mohawks qui prient. Ils sont trois mille, dont au moins six cent cinquante passent plus de temps dans les villes des États-Unis un peu partout que dans leur réserve. Certains sont aussi remuants que des gitans. Il n’est pas inhabituel de voir une famille verrouiller sa maison, laisser la clé chez un voisin, monter en voiture et partir pour des années. Il existe des colonies de Caughnawagas à Brooklyn, Buffalo et Detroit. La plus grande colonie est à Brooklyn, dans le quartier de North Gowanus. Elle s’y est établie à la fin des années vingt, comprend environ quatre cents hommes, femmes et enfants, continue de grandir...

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Littérature

Joseph Mitchell

« Avis. Pas ­d’arrière-salle ici pour les dames. »

Il existe un restaurant dans River Street à Hoboken, dans le New Jersey, en face des jetées et à quelques pâtés de maisons de la remise du Lackawanna Ferry, qui s’appelle My Blue Heaven Italian Restaurant. Un été, je revenais de Copenhague sur un cargo de Hog Island, la nourriture était mauvaise et, quand le cargo s’est finalement amarré à Hoboken, le premier endroit que j’ai vu où je pouvais manger était My Blue Heaven et j’y suis allé directement avec ma valise à la main. Je me suis assis et le serveur m’a tendu un menu, mais avant que j’aie commencé à lire, il m’a dit que le plat du jour était un risotto avec du calamari et qu’il me le recommandait. « C’est du riz, a-t-il dit, avec des calmars. » Je n’avais encore jamais alors mangé de risotto, et certainement pas de calmar, mais j’ai commandé le plat du...

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Guy Debord fut le Christ de l’avant-garde.
Guy Debord fut le Christ de l’avant-garde.

Mehdi Belhaj Kacem

Tombeau pour Guy Debord

Guy Debord fut le Christ de l’avant-garde, immolé sur son idéologie, que plus que quiconque (Tzara, Duchamp, Artaud, l’actionnisme viennois…) il aura poussé à son extrême limite. Il en satura toutes les possibilités et toutes les impasses. Il n’y avait, pour ses prétentions démesurées, ni échec, ni réussite. Son parcours doit être aujourd’hui évalué selon d’autres mensurations : celles qu’à point nommé la disparition des avant-gardes nous laisse en héritage. Pour le dire avec Reiner Schürmann : la vérité est une « conflictualité...
How can withdrawal be represented?
How can withdrawal be represented?

Sebastián Eduardo Dávila (éd.), Rebecca Hanna John (éd.), ...

On Withdrawal—Scenes of Refusal, Disappearance, and Resilience in Art and Cultural Practices

How can withdrawal—meaning either that which withdraws itself, or which is being withdrawn—be represented, thus made visible and negotiable? This publication takes this paradox as its starting point, which remains present as a tension throughout. The book aims to draw constellations of different instances of withdrawal, ranging from passivity, failure, and refusal to disappearance and remembrance and to resilience and resistance. Understanding withdrawal as a concept that encompasses both cutting ties and reaffirming relations, the contributions collected here trace the...
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